UNE IMAGINATION FOLLE !!

Publié le par Arnaud

 

 

 

 

 

La psychiatrie fait peur :

 

 

 

 

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          Dès l’école primaire (période injuste s’il en est), alors que nous recherchions la normalité et l’acceptation par l’autre (ami, école, société), nous nous lancions régulièrement ce mauvais présage : "toi tu finiras…" à Saint-Anne pour les parisiens, à Saint-Méen pour les rennais, à Allonnes pour les manceaux… inutile d’être fin psychologue pour comprendre que, très tôt dans notre vie d’humain, la psychiatrie est devenue synonyme d’ exclusion sociale. Nous y serions "comme marqués au fer rouge" (Lyre, commentaire dans Vos a priori).

 

 

        Autour-du-feu.png  A l'adolescence, nous étions nombreux à la recherche de sensations fortes. Nous nous précipitions à la fête foraine pour tester les nouveaux manèges ou nous nous racontions d’étranges histoires autour du feu en faisant griller des chamallow. Nous faisions monter notre niveau d’adrénaline en participant à de petits actes délictueux (vols, non-respect des règles, ébriété…) ou nous pratiquions des sports extrêmes. Et nous allions au cinéma voir des films d’horreur ou des thrillers psychologiques... or, dans sa relation privilégiée avec la psychiatrie, le 7ème art nous présente "souvent beaucoup de clichés, d’images effrayantes ou grotesques ou empreintes de bons sentiments" (Martine, blog Cinema et santé mentale). L’hôpital psychiatrique y est un lieu empreint d’un sadisme certain et d’une violence extrême où s’entremêlent l’isolement, les contentions, les lobotomies, les électrochocs, camisoles chimiques, injections forcées… avec des films comme "L'échelle de Jacob", "Vol au-dessus d’un nid de coucou" ou "Shutter Island", nul doute : l’hôpital psychiatrique est un lieu inhumain !

 

 

          Jusqu’à l’âge adulte, nous cherchons nos propres repères, nos propres limites. Cela peut parfois nous amener à flirter avec les limites de la maladie psychique. C’est d’ailleurs l’âge durant lequel sont découvertes la plupart des pathologies psychiatriques (névroses sévères, psychoses, addictions…). Beaucoup d’entre nous ont vu dans leur entourage plus ou moins proche des personnes en difficultés psychiques, voire des passages à l’acte (agressions ou tentatives de suicide). Et cela nous ramène à notre propre vie psychique et à la peur d’être malade. En vulgarisant, la  peur de devenir fou !

 


Autruche          Le reste de notre vie, nous évitons tant que faire se peut de parler de la psychiatrie, réflexe inhérent à notre condition humaine, animale même : la peur prépare la fuite. Nous cherchons donc à tout prix à éviter ce qui est à l’origine de cette peur !  Ainsi, nous nous cachons la maladie psychique en la mettant loin de notre vue, soit hors de la ville ou encore bien profondément cachée dans celle-ci. C’est ce que nous avons fait durant ces derniers siècles en créant les asiles d’aliénés, "sorte de refoulé à l’échelle de la cité" (Karmai, commentaire dans  Vos a priori). Ce phénomène, en déclin depuis plusieurs décennies, subsiste très largement en ce début de 21ème siècle et participe à l’ ancrage du mysticisme qui entoure la psychiatrie.

 


          Seuls les médias en parlent de temps en temps. Le cinéma, comme nous le disions plus haut, nous donne une image peu reluisante de l’univers psychiatrique. Les médias radio, télé et presse nous décrivent les malades comme des violeurs ou des meurtriers psychopathes et récidivistes. Eh bien oui, un journaliste doit, s’il veut être payé à la fin du mois, apporter des informations sensationnelles à un public toujours insatiable. Il reste peu de place pour une information réaliste, préalablement pensée, débattue publiquement. Quelques rares initiatives viennent toutefois et de manière très ponctuelle pondérer ce discours erroné : reportages, débats, internet.

 

 

 

 



N’aie pas peur :

 

 

 

 

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          Toi, tu finiras… exclu, incompris, plus tout à fait homme. Nos enfants ne font que relayer le discours des adultes (parents, professeurs, télévision). Cette peur disparaît chez l'enfant sensibilisé, à qui on a expliqué que le "fou" est un être humain, comme lui, atteint d’une maladie ou porteur d’un handicap.   



          Un lieu inhumain… tel qu’il nous est représenté dans les films. Soyons clairs ! L’hôpital, qu’il soit "général" ou "spécialisé" (hôpital psychiatrique), est un lieu de souffrance. On y va pour être guéri ou tout du moins soigné et les soins prodigués sont souvent désagréables et peuvent légitimement générer chez chacun d’entre nous de l’anxiété. Se faire prélever du sang, être opéré des dents de sagesse, se faire poser un plâtre sont des actes violents mais nécessaires qu’on ne qualifierait aucunement de barbares. Il en va de même en psychiatrie. Certains soins sont violents (l’isolement, les contentions, les injections...) mais parfois indispensables pour guérir. Cependant, il faut savoir que les lobotomies ne sont plus pratiquées aujourd’hui (grâce à la découverte des médicaments psychoactifs) et que la sismothérapie (électrochocs) ne se fait qu'excessivement rarement (et de moins en moins souvent) que sous anesthésie générale dans un environnement aussi sécurisé qu’un bloc opératoire. L’hôpital psychiatrique est donc tout aussi "humain" que l’hôpital général. Il est même un lieu privilégié pour l’humain aujourd'hui où les soignants ont encore le luxe de pouvoir prendre le temps de la relation d’aide auprès des personnes qu'ils soignent (bien que cela ne semble pas fait pour durer...).



          La peur de devenir fou (d’être atteint d’une maladie psychique) est partagée par la plupart des êtres humains. Les limites entre la normalité et la maladie sont floues et arbitraires. Finalement, nous sommes tous un peu "fous", chacun à sa manière. Mais cette "folie"» ne nous empêche pas de mener une vie "normale" (entendre : selon les normes acceptées par le groupe, par la société à laquelle on appartient). Et c’est là que se situe cette limite. Cette peur est inhérente à notre capacité à prendre du recul sur nos pensées propres et notre infinie imagination. Mais la connaissance, la prise de conscience peut mettre un frein à cela.  

 

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          Pour finir, et cela est indispensable pour affronter ces peurs, il faut en parler avec d’autres personnes, échanger, démystifier... bref, prendre du recul !!! L’avis d’un professionnel reste le meilleur outil pour dédramatiser. L’idéal serait de se rendre directement à l’hôpital, "d’y aller [...] pour se rendre compte par soi même" (Flop, commentaire dans Vos a priori). Il nous reste encore beaucoup de chemin à faire.

 

 

COmmEntEr...

Publié dans Des a priori

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S
<br /> merci pour vos textes et votre travail pour "dé stigmatiser" les malades en souffrance psychique, je suis infirmière et depuis le début de mes études je lutte aussi contre cette image que<br /> véhicule les médias à la société qui font que le "fou" devient un ennemi dangereux. j'ai un jour rencontré un infirmier psy qui m'a dit tout simplement "ils sont comme nous , ils ont deux yeux ,<br /> un nez une bouche" et qui l'avait meme dit a un de ses patients. j'ai vu aussi que vous aviez mis le reportage de serge moati sur la folie , bravo c'est un film magnifique et tellement humain, ça<br /> change de ce qu'on voient habituellement sur la psy!continuez comme ça!<br />
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